J’ai grandi dans une famille palestinienne à Châteauguay dans les années 1990 et 2000, après la crise d’Oka et les deux référendums. Ma perception est que cette période était caractérisée par une rancune envers le « vote ethnique » et un racisme envers tout ce qui n’était pas québécois « de souche ». Ce racisme pouvait venir de mes camarades de classe qui riaient de ma couleur de peau et du contenu de ma boîte à lunch, mais aussi des enseignants et enseignantes qui refusaient de répondre à mes questions, qui m’humiliaient devant toute la classe pour mes croyances et qui me fixaient avec un regard accusateur en parlant des attaques du World Trade Center.
Les défis d’un immigrant de deuxième génération sont bien différents de ceux des nouveaux arrivants. D’abord, nous avons un pied dans chaque culture, ce qui nous permet d’apporter les richesses d’un côté à l’autre d’une manière que les deux sont en mesure d’accueillir. Nous sommes l’effet de bordure, là où les richesses de deux cultures s’entremêlent. Mais encore faut-il qu’il y ait une curiosité pour que l’échange ait lieu.
Ce tiraillement nous met souvent dans une position de crise identitaire. Nous sommes toujours étrangers, un peu trop québécois pour notre famille et un peu trop immigrants pour les Québécois et les Québécoises. Notre désir de nous intégrer à la société d’accueil vient souvent avec l’obligation de laisser une grande partie de notre identité derrière nous, ce qui nous éloigne de nos communautés culturelles.
Je crois qu’un quartier inclusif en est un qui valorise la diversité sous toutes ses formes par des événements de rencontre interculturelle et qui met de l’avant les accomplissements et contributions des membres des communautés culturelles. Cette mise en valeur apporte de la fierté et un sentiment d’appartenance à la société d’accueil, ce qui fait tomber la peur et l’incompréhension des deux côtés. Si nos parents nous inculquent la fierté d’appartenir pleinement à deux cultures, nous pouvons alors apporter notre pleine participation à la société. Ainsi, au lieu de nous sentir incomplets et tiraillés, nous pouvons nous sentir complets et enracinés dans une identité double et profondément métissée.
