Jusque dans les années 1920, Sherbrooke et les anciennes municipalités fusionnées en 2002 respectaient le tracé des cours d’eau. Avec le début d’urbanisation suivant la Première Guerre mondiale, on commence à empiéter sur le milieu hydrique en canalisant de façon souterraine des portions de ruisseaux. Cet empiétement s’est accéléré surtout dans les années 1950 et 1960, de sorte que de grandes parties d’une trentaine de ruisseaux ont été enfouies et onze ruisseaux ont complètement disparu, sauf d’infimes segments. Ces onze ruisseaux totalisent une longueur d’environ 23 kilomètres.
Dans le bassin de la rivière Magog, les ruisseaux suivants ont disparu :
- le ruisseau Caya entre le parc André-Viger et la rue Raimbault (années 1950-1960);
- le ruisseau des Quatre-Pins entre les parcs de Liége et des Quatre-Pins (années 1960);
- le ruisseau Laurence-Wyatt entre le club de golf de Sherbrooke et la rue Wyatt (années 1950);
- le ruisseau Gaétan-Côté entre l’Université de Sherbrooke et la rue Cabana (années 1960);
- le ruisseau de Collinsville entre le mont Bellevue et la rue Beaurivage
(années 1950); - le ruisseau de la Maison des Picotés entre le mont Bellevue et la rue Claire-Jolicoeur (années 1950);
- le ruisseau de Kingston le long de la rue de Kingston (années 1930-1940).
Dans le bassin de la rivière Saint-François, les ruisseaux suivants ont disparu :
- le ruisseau du Terrain de l’Exposition entre le parc Sylvie-Daigle et le rue Clemenceau (années 1950-1960);
- le ravin Blouin qui suivait le rue Chalifoux jusqu’à la 15e Avenue (années 1930-1950);
- le ruisseau de l’Hospice le long de la rue Belvédère Sud (années 1920-1990);
- le ruisseau Arthur-Speid le long de la rue Speid (années 1960).
Le ruisseau de l’Hospice est un bon exemple. Ce cours d’eau pérenne de 4,6 kilomètres de longueur prend sa source au sud-est du mont Bellevue, dans le secteur des rues de Beaupré et du Fort-Chambly ainsi que dans le parc du Mont-Bellevue. Il se dirige ensuite vers l’intersection des rues Dunant et Belvédère Sud, rue qu’il suit jusqu’au parc
Alfred-Élie-Dufresne, puis se jette dans la rivière Saint-François en face de l’île des Sœurs. Au moins jusqu’en 1917, le cours d’eau est à ciel ouvert, en grande partie en milieu agricole. Il est canalisé dans des conduites souterraines de son embouchure à la rue McManamy, probablement à partir des années 1920 et de la rue McManamy à la rue de l’Union, entre 1945 et 1957. Sauf quelques segments, la partie en amont est progressivement canalisée dans des conduites souterraines avec le développement domiciliaire de l’ancienne municipalité d’Ascot entre les années 1960 et 1990.
Le toponyme a été attribué et officialisé en 2023 par la Commission de toponymie du Québec à la suite d’une recommandation du conseil municipal de la Ville de Sherbrooke. Il provient du fait qu’il passe en façade de l’ancien hospice du Sacré-Cœur. Cet hospice a été construit par les Sœurs de la Charité de Saint-Hyacinthe en 1886-1887 sur un terrain qui avait été acquis du colonel Charles King sur la rue McManamy. Le bâtiment remplaçait un premier hospice, établi en 1875 dans une maison fournie par Mgr Antoine Racine, près de l’intersection des rues Galt Ouest et Wellington Sud. À cet hospice pour vieillards et orphelins, on a ajouté en 1954 une aile qui prend le nom d’hôpital D’Youville. L’hospice est alors devenu le pensionnat du Sacré-Cœur. En 1969, les Sœurs ont cédé leur propriété au gouvernement du Québec et l’ensemble des bâtiments est devenu l’hôpital D’Youville. En 1996, le pavillon D’Youville a été affilié à l’Institut universitaire de gériatrie
de Sherbrooke.