En tant que femme policière œuvrant dans un métier qui a souvent été considéré comme un milieu d’hommes, j’ai décidé de vous parler de l’évolution du Service de police de Sherbrooke. Ce sont maintenant tout près de 147 ans d’histoire que le service de police compte à son actif. C’est en 1878 que Pierre Couture, à 25 ans, est devenu le premier policier, le premier « watchman » qui ouvrait la roue du haut de ses six pieds et 330 lbs. Aujourd’hui, 277 policiers et policières veillent à la sécurité des Sherbrookois et Sherbrookoises. Le parcours policier a bien évolué depuis.
Saviez-vous qu’au début des années 1970, les femmes n’étaient même pas autorisées à s’inscrire en techniques policières? La première femme à avoir réussi à contourner cette barrière au Québec devait signer une décharge dans laquelle elle s’engageait à ne jamais poursuivre le Cégep si elle ne trouvait pas d’emploi après sa formation. Une fois embauchée, celle-ci avait été assignée à des tâches administratives puisque les critères de sélection pour être policier sur le terrain étaient d’être un homme d’au moins cinq pieds et huit pouces et peser au minimum 140 livres.
C’est en 1985 que deux femmes font leur entrée au Service de police de Sherbrooke. Elles n’ont eu droit à aucun traitement de faveur, ni de la part de l’employeur, ni des collègues. Que ce soit par l’ajustement de l’uniforme ou de l’équipement, qui était parfois Sécurité trop grand ou trop large, ou par les autos-patrouille elles-mêmes, qui n’étaient pas adaptées pour les plus petites personnes.
Parmi ces deux pionnières, l’une d’elles s’est retrouvée à prendre place dans la « poubelle » au coin des rues King et des Grandes- Fourches, affectée à diriger la circulation à cette intersection remise en fonction pendant des travaux routiers.
Depuis mes débuts à Sherbrooke en 2004, je suis à même de constater que le travail policier s’est complexifié avec les années et je n’ose pas penser aux obstacles que mes prédécesseures ont dû surmonter. Je n’aurai jamais assez de mots pour les remercier d’avoir osé changer les façons de faire et ouvrir de nouvelles voies.
Merci les filles!
Faits saillants;
Le nombre de policières est passé de 3 771 (25,3 %), en 2013 à 4 616 (29,6 %), en 2022 pour l’ensemble des corps de police municipaux et la Sûreté du Québec.
Ministère De La Sécurité Publique (2024). La desserte policière au Québec : profil organisationnel 2022. Québec, 60 p.