Des fois, j’aime bien mener de petites études sociologiques (qui me sont propres) qui me font sourire.
Exemple/anecdote : j’appelle une institution quelconque pour confirmer un rendez-vous. La personne à l’autre bout du fil me demande : « Quel est votre nom? ». Je réponds avec mon débit normal (je parle assez vite il parait ) « Roukayatou Idrissa Abdoulaye », d’un trait… avec un petit sourire en coin. Je le sais, et je l’imagine très bien, que la personne de l’autre côté entend : « Roukaydbm Idkumqpend hdibmye ». Après la première syllabe, elle est complètement perdue!
Bon, ne vous formalisez pas; d’habitude, dans ce genre de situation, je dis mes prénom et nom assez lentement pour permettre au cerveau de l’autre côté d’assimiler toutes ces consonnes et ces voyelles qu’il n’a pas l’habitude d’entendre côte-à-côte. Même si, à la fin, je finis TOUJOURS par épeler le tout, car même si je parle lentement, le cerveau n’assimile toujours pas ce prénom et ce nom, disons, spéciaux, pour les gens d’ici. À chaque fois, je sens peser le poids de devoir les épeler et m’assurer qu’on me retrouve dans le fichier. Après 15 ans, je devrais m’être habituée, mais non; c’est comme l’hiver, je ne suis toujours pas habituée.
Donc! Quand je dis mon prénom et mon nom avec mon débit normal, je sens, à l’autre bout, un silence gêné. La personne ne sait pas comment me dire qu’elle n’a rien compris de ce que je viens de dire. Ai-je peut-être parlé dans une langue extra-terrestre? Est-ce que j’ai compris ce qu’elle me demandait ?
Dans certains cas, la personne me demande avec un sourire gêné (que je sens dans sa voix) : «Est-ce que vous pouvez me les épeler? ». Une autre se confondra en excuses de me le demander en se justifiant par le fait « qu’au Québec, on n’a pas l’habitude d’entendre ce genre de nom », toujours avec le même sourire qui sert de glaçage à ce qu’elle vient de dire.
Ne vous méprenez pas, je comprends tout à fait, évidemment. Et en fait, la question n’a rien de blessant en soi… C’est juste la répétition de devoir épeler à chaque fois qui devient vite pesante.
Il arrive, après épellation, qu’on me demande lequel est mon prénom parmi les trois. Quand je réponds que c’est « Roukayatou », je sens comme une petite surprise. Les gens s’attendent à ce que « Idrissa » soit mon prénom, parce qu’apparemment c’est le moins compliqué des trois. Et de fait, ils pensent que « Roukayatou » c’est mon nom de famille, parce que j’imagine que c’est le plus « compliqué ».
Ce qui me fait me poser la question suivante : est-ce qu’un nom de famille doit être compliqué à dire (ou à écrire) pour avoir ce qualificatif de patronyme?