Le livre dont je parlerai très brièvement contient trois courts textes de l’auteur israélien Amos Oz. Il s’agit d’un auteur connu mondialement qui a cofondé le mouvement « La paix maintenant ». Les titres de ces textes sont brefs et ils exemplifient bien les réflexions de l’auteur. Ces titres sont : Se glisser dans la peau de l’autre, Comment guérir un fanatique et Un conflit entre deux causes justes. En fait, si j’ai eu envie de parler de ce livre, c’est que son contenu fait du bien. Il présente et illustre une démarche qui permet de penser le tragique des conflits, tel celui entre Israël et la Palestine, en plaçant la vie humaine, la paix sur le long terme ainsi que la justice pour deux causes qu’Amos Oz juge légitimes, au cœur de propositions matures, nuancées, vivables, et en ce sens, pragmatiques plutôt qu’idéologiques. La justice ne peut pas être le fruit du fanatisme.
Voici quelques-unes des idées qui permettent d’éviter ou de se défaire d’une vision fanatique d’enjeux bouleversants, voire horrifiants. Tout d’abord, il faut reconnaître l’histoire et ses traces qui marquent les conflits majeurs et déchirants. Il faut aussi cesser de voir le monde en noir et blanc. Comme le dit Oz : « … je suis conscient que l’histoire n’est jamais aussi tranchée. Il n’y a pas les bons d’un côté et les méchants de l’autre. » De plus, la tendance au conformisme, au culte de la personnalité nous prive de notre devoir de penser librement. Il faut donc développer la pensée critique, le questionnement, le doute et, de façon tout aussi essentielle, la capacité de se mettre à la place de l’autre, faire l’effort de se mettre dans sa peau et se dire : « J’aurais pu être l’un de mes ennemis » si j’étais né dans d’autres conditions. On ne peut trop insister sur la capacité d’imaginer l’autre en essayant de se mettre à sa place comme le font les écrivains en créant leurs personnages. Cela nous aide à réfléchir aux impacts réels et potentiels, sur les personnes concernées, de ce que l’on pense, incluant toutes les personnes que la pensée fanatique avait classées dans la catégorie des amis ou dans celle des ennemis.
Il faut se permettre de changer de perspective et envisager le compromis comme partie prenante de la solution. Pour Oz, le compromis n’est pas une capitulation. Cela « …ne signifie pas que je défends n’importe quelle opinion, mais que je suis capable d’envisager des points de vue différents du mien. »
Dans le cas du conflit israélo-palestinien, il s’agirait d’un compromis « qui signifie que jamais le peuple palestinien, pas plus que le peuple juif israélien, ne sera écrasé et humilié. »
Mais la pensée fanatisée propose toujours des solutions brutales, gorgées de violence qui ne comptent pas les victimes.
Amos Oz
Comment guérir un fanatique
Gallimard, 2006 pour la traduction en français