Xav : Peux-tu te présenter?
Carolane : Moi, c’est Carolane Arsenault, codirectrice générale de l’organisme d’agriculture urbaine REVE nourricier à Sherbrooke et cofondatrice du festival Danse de la Tortue.
C’est quoi la danse de la tortue?
La Danse de la Tortue, c’est un festival transformationnel : un rassemblement en forêt de quatre jours en camping où on est en immersion avec plusieurs formes d’art, incluant notamment le cirque, la musique, la danse et le théâtre.
C’est également un festival intergénérationnel et un espace sécuritaire pour que les gens puissent tisser des liens entre eux et ainsi entamer la transition socio-écologique, mais de manière un peu créative.
C’est quoi ton but dans le fait d’organiser un festival comme ça?
Je le fais parce que ça m’amuse, comme une muse. C’est poétique. Certains peignent, d’autres écrivent des chansons, moi, je crée des rassemblements. C’est mon art, une expression de mon intérieur et de ce que je veux voir dans le monde.
Donc ton art, c’est de faire du design d’interactions humaines?
Oui, on peut dire ça. Je joue avec les espaces et les interactions, en mettant le festivalier ou la festivalière au cœur de l’expérience. C’est comme si je faisais de la culture, que je faisais pousser des communautés d’humains.
Tu m’as dit la dernière fois que vous alliez compenser les émissions de carbone?
Depuis la première Danse, on a mis en place une initiative pour améliorer notre relation à la nature et réduire l’impact écologique du festival. Contrairement à des gros événements comme Shambhala ou Burning Man qui laissent une grosse empreinte, on voulait un rassemblement plus respectueux. Alors, on a demandé aux participants de donner 10 ¢ par kilomètre parcouru pour replanter des arbres afin de compenser les émissions de carbone. C’est une contribution volontaire, et les gens adorent ça.
Depuis trois ans, on plante les arbres avec REVE nourricier. L’argent qu’on collecte sert à créer une forêt nourricière sur le site de la Danse de la Tortue.
Cette année, on a un nouveau site, donc première plantation. Chaque année, on plante avec les gens pour faire grandir cette future forêt, et un jour, on va en récolter les fruits ensemble. Comme le festival se déroule pendant les récoltes, ça va devenir un moment fort.
Tu parles souvent de l’importance de la relation avec le vivant. Peux-tu m’en dire plus?
Je pense que tout ce qui est autour de nous est vivant. Quand t’es en pleine forêt, tes sens s’aiguisent : tu remarques la petite mousse, le champignon, l’arbre. Ça te force à ralentir, à voir la valeur des choses, à te reconnecter avec la nature, et ça, c’est transformationnel.
Et puis, on est responsables de nos déchets ici, y’a pas de poubelles. Ça te fait prendre conscience de chaque déchet que tu crées. On est encore loin d’être vraiment connectés à ça, mais peut-être que dans 20 ans, on sera plus près d’une vraie responsabilité écologique.