Vous trouverez à la page 3 de ce numéro un article qui porte sur l’organisme Équijustice, qui a développé le concept de justice réparatrice en Estrie. Équijustice est un organisme communautaire à but non lucratif. Il s’agit d’une organisation d’accès à la justice plutôt que d’accès au droit. Ses intervenants sociaux sont formés dans une approche particulière et, si nécessaire, ils orientent la clientèle qui a besoin de services de justice vers les bonnes ressources.
« La justice réparatrice agit sur trois facteurs : la personne qui a subi les torts, celle qui les a causés et la société.»
La personne ayant commis des torts sur le plan criminel peut faire appel à leurs services afin de rencontrer un intervenant ou un médiateur, et envisager avec lui les possibilités de réparation. Pour ma part, je pensais que les crimes graves et/ou répétitifs étaient irréparables, même si le besoin me semblait plus important. Eh! bien oui, la justice réparatrice permet d’y arriver et elle a démontré que la personne qui commet les torts ne récidivera pas envers la personne victime qu’elle a rencontrée en médiation. Dans un cas comme celui-ci, l’agresseur et la victime ont accepté d’entrer dans ce processus souvent volontairement.
Il arrive que la personne victime de torts refuse la réparation, mais la collectivité pourrait, elle, en bénéficier. Par exemple, des travaux communautaires peuvent être accomplis en réparation symbolique dans la communauté. Naturellement, l’organisme privilégie la participation de la personne victime et lui offre la possibilité de rencontrer la personne qui a commis les torts afin de regarder ensemble les moyens pour réparer.
Chaque fois qu’une personne commet des torts, Équijustice l’amène à les réparer.
C’est la partie subjective de la situation et des torts causés qui peut permettre la communication entre les deux parties et qu’elles en arrivent à un commun accord. Dans le cas contraire, les cas vont se gérer de manière objective, soit dans le système de justice. C’est au milieu des années 1990 que la justice réparatrice a été proposée clairement, mais elle était alors perçue comme adéquate seulement pour de petites situations. En même temps, il ne s’agissait pas de la réaction de la population mais de celle des institutions, des professionnels, des experts qui évaluent selon leurs champs d’expertise, sans nécessairement être à l’écoute des changements de mentalité.
La Ville de Sherbrooke a été l’une des premières à implanter la réparation des torts et la médiation citoyenne pour le voisinage, entre autres. La raison de cette proposition pour les adultes ayant causé un délit mineur était qu’ils puissent éviter le tribunal traditionnel. De fait, la réaction sociale et les impacts d’un dossier judiciaire sont parfois plus grands que l’infraction commise.
J’ai été impressionné par cette approche qui dépasse largement un système punitif et qui permet de préserver le lien social sans lequel il serait difficile de croire en la justice.

