Kouther Al MATLOUB
Jeune leader
Les Voix de la diversité
« Multiplicité des formes d’expression des cultures, des groupes et des sociétés », « La richesse de notre diversité […] est notre force collective. » Ce sont les définitions de la diversité culturelle données par l’UNESCO.
Le Québec s’épanouit à travers une combinaison de récits provenant du monde entier. J’insiste sur le mot « s’épanouit », la diversité culturelle est une richesse. En fait, je suis convaincue que la société a la capacité d’avancer lorsque nous apportons des changements positifs et constructifs à celle-ci. C’est-ce que l’être humain a toujours fait. Chaque personne a quelque chose à apporter de plus par son vécu.
Il est naturel que le changement puisse susciter des craintes. Néanmoins, il est crucial de reconnaître que ces appréhensions ne doivent pas nous paralyser. Au contraire, elles devraient être perçues comme des opportunités d’apprentissage et de croissance. Pour ce faire, il est important de comprendre le vécu de ces personnes qui ont dû tout quitter, leur pays, leur famille, pour vivre une vie plus paisible.
Le théâtre d’intervention, une forme artistique participative, se présente comme un puissant catalyseur de sensibilisation aux enjeux sociologiques. Mais qu’est-ce que c’est exactement? Une question que j’avais moi-même en tête il n’y a pas si longtemps, étant membre active d’une troupe de théâtre universitaire. Après avoir fait quelques recherches, le théâtre d’intervention est « un spectacle participatif portant sur des sujets qui touchent aux réalités socioéconomiques d’une communauté, et dont l’objectif est d’éduquer et de sensibiliser. », selon le Grand dictionnaire terminologique.
Au Québec, depuis les années 60, cet art vivant a toujours été étroitement lié aux divers mouvements sociaux. Il permet de mettre sous les projecteurs les personnes vivant différentes injustices et il encourage la réflexion critique inspirée par l’engagement civique chez les individus.
Le 24 janvier dernier, j’ai eu la chance d’assister à un exemple concret de cette démarche artistique : « Regards croisés », dans le cadre de la semaine Dialogues 2024, organisée par le Café Baobab et la Fédération des communautés culturelles de l’Estrie. Le spectacle a été écrit par Marie-Claire Akamendo-Bita et mis en scène par Ian Fournier. Ce dialogue met en scène des individus de tous âges et de toutes origines, invitant le public à plonger dans la réalité de chacun. C’était une véritable exploration émotionnelle. Chaque scène, chaque interaction entre les personnages résonne avec une authenticité palpable. La simplicité des décors et des monologues ainsi que le jeu de chaque comédien et comédienne ont permis d’établir une connexion intime avec le public. En explorant les réalités vécues par les personnages, la pièce invite à une réflexion critique sur la diversité culturelle, stimulant ainsi le désir d’agir pour une société plus inclusive.
Pour compléter cette expérience, les impressions des comédiens et comédiennes ajoutent une dimension personnelle et authentique.
« C’est une opportunité de s’exprimer. […]. C’étaient des expériences que les gens ont vécues. On passe dessus, ça fait partie de ce qu’on a vécu. C’est une façon de se rappeler de s’exprimer autrement, c’est un fait, mais comment on peut passer par-dessus ça? »
Sibo
« On a voulu mettre certains comportements sur le compte de l’ignorance, la méconnaissance, de faire des préjugés sans vraiment vouloir être méchant. »
Marie-Claire
« On arrive à jouer les personnages, de cette façon le message est bien passé. Le public va vivre et se mettre à la place des gens qui ont vécu ces histoires et vivre leurs émotions. » Aboubakar Charphadine
Wood Guerlin TELLUS
Jeune leader
Les Voix de la diversité
C’est dans une ambiance chaleureuse et multiculturelle que s’est tenue la troisième soirée des Dialogues 2024, le vendredi 26 janvier dernier. L’artiste invitée, et non la moindre, était la mezzo-soprano Mariana De la Rosa. Celle qui a grandi au Mexique, avant d’atterrir à Sherbrooke en 2017 dans le but de poursuivre ses études en musique, a d’ailleurs volontiers accepté de nous accorder une entrevue, au cours de laquelle elle nous a expliqué son parcours d’artiste au Québec, les défis qu’elle a rencontrés à ses débuts et comment elle essaie de transmettre les valeurs de sa culture, et sa langue, à travers sa musique.
La soirée aux saveurs mexicaines s’est déroulée en deux temps, avec en premier lieu une discussion sur les enjeux de racisme et de discrimination vécus par la communauté mexicaine en Estrie, suivie d’une prestation de l’artiste.
À cœur ouvert, l’esprit disposé et la tête calme, trois femmes mexicaines, avec chacune une histoire plus inspirante que l’autre, se sont livrées lors d’un panel animé par le directeur artistique du café, Ian Fournier. Entre mauvaises expériences au Québec, en tant que personnes immigrantes issues de la minorité visible, de belles rencontres et des parcours inspirants, chacune de ces courageuses femmes a eu son mot à dire. En outre, elles ont mis la table en invitant le public à réfléchir sur des pistes de solution afin de venir à bout du racisme et de la discrimination en Estrie. Mère et thérapeute holistique, artiste professionnelle indépendante, fonctionnaire du service public, leurs parcours témoignent de l’engagement pour une société plus juste et inclusive où chacun et chacune trouvent finalement sa place. L’auditoire, constitué en partie d’un certain nombre d’hispanophones originaires de pays d’Amérique latine, a livré des témoignages qui racontent leur parcours migratoire, leur persévérance et leur détermination à réussir au Québec. Il s’ensuivit une discussion sincère et constructive qui a mis l’accent sur des expériences positives, avec un regard orienté vers l’avenir.
La soirée s’est terminée sur un ton suave avec une belle prestation de Mariana De la Rosa, qui a tenu en laisse son public pendant plus d’une demi-heure. Qui dit soirée mexicaine dit forcément chansons mexicaines. La productrice de Rosas y Espinas, accompagnée du pianiste de plus de 20 ans d’expérience, Alexandre Nadeau, a enchaîné les classiques dans ce café communautaire avec un public qui n’hésitait pas à encourager chacune de ses pièces, avec raison d’ailleurs, et aussi à l’accompagner au chant. Cette artiste talentueuse, qui se donne pour mission principale d’initier son public à l’appréciation du chant d’opéra et de laisser un impact social positif à travers son art, n’a pas raté le coche pour ainsi dire. Amour, nature, nostalgie ou encore patriotisme, Mariana n’a pas ménagé sa voix ni son énergie sur scène en interprétant des classiques comme « Arràncame la vida », « Bésame mucho », « Estrellita » et « Mi ciudad ». Le meilleur fut pour la fin, Mariana De la Rosa a invité son public à l’accompagner dans cette pièce qui atteste la fierté d’être mexicain, mexicaine : « Je suis un pur mexicain, né dans cette terre, dans ce beau sol, que ma nation est belle! Vive le Mexique, Vive l’Amérique, Ô terre bénie de Dieu, Vive le Mexique, Vive l’Amérique, je donnerais mon sang pour vous » (traduction libre).