Le dernier sujet traité par notre organisme dans ce journal discutait de la spéculation foncière et comment cette pratique pouvait être néfaste pour la conservation, l’aménagement et le logement dans nos communautés. Aussi, il promettait des pistes de solutions.
Depuis quelques années, nous assistons à une explosion du coût de la vie et des logements alors que ces derniers sont de plus en plus rares, tout comme l’accès aux milieux naturels de proximité. En parallèle, les projets d’habitations et de commerces privés qui voient le jour ne correspondent pas nécessairement aux besoins de la population locale car le système en place empêche ou limite la consultation publique en amont. Pour cette raison, ces projets rencontrent de la résistance et tardent à s’intégrer dans leur milieu de vie. Dans ce contexte, les visions de développement portées par les différentes parties prenantes (Ville, entrepreneurs et citoyens et citoyennes) achoppent inévitablement. Maintenant, que pouvons-nous espérer comme modèle de développement et de conservation qui réduirait les inégalités sociales, tout en favorisant la consolidation sociale, environnementale et économique de notre ville?
La vision de Vienne
Vienne, une ville autrichienne de près de deux millions d’habitants, construit des logements sociaux depuis plus de cent ans. Malgré cela, le système viennois demeure affecté, comme tous les pays occidentaux, par la pression foncière du marché et certaines règles de fonctionnement d’origine qui mériteraient d’être réformées1. Au Québec, l’accès au logement social est principalement basé sur le revenu des ménages, ce qui incite à la ghettoïsation des personnes à faible revenu alors qu’à Vienne, l’accès au logement social est disponible pour environ 70 à 80 % de la population. Cette organisation, qui favorise une mixité et proximité sociales, peut réduire les préjugés et favoriser la socialisation entre les individus, particulièrement si des espaces publics fonctionnels sont prévus à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment.
Le plan nature : première brique d’un changement sociétal
Le 6 juin dernier, la population de Sherbrooke a accueilli avec beaucoup de fierté l’adoption du plan nature par le conseil municipal, lequel jette les bases d’une ville du 21e siècle qui fonde son développement socio-économique sur la conservation des milieux naturels au détriment de leur destruction. C’est un pas de géant et un changement de cap inespéré, considérant l’étalement urbain qui sévit toujours.
Et quoi espérer pour le BAL?
Le Boisé Ascot-Lennox (BAL) a été identifié dans le plan nature comme milieu d’intérêt protégé par le règlement de contrôle intérimaire récemment adopté2. Maintenant, avec la publication des résultats de l’enquête sur la crise du logement à Sherbrooke qui ne saurait tarder, espérons que les pistes de solutions qui en émergeront constitueront le deuxième bloc d’une société plus juste et équitable. L’accès à un logement adapté et abordable dans un environnement sain, desservi et sécuritaire devrait être le deuxième pilier de développement de nos agglomérations. Avec les pôles d’attraction économiques bien établis que sont le savoir, la santé et la technologie, gageons que la qualité de vie et le tourisme seront appelés à gagner du galon dans le futur si le milieu privé réussit à s’adapter à ce nouveau paradigme.
Pourquoi ne serait-il pas envisageable que plusieurs personnes échangent un jour leur solitude et leurs obligations d’entretien de propriété privée pour un appartement convenable et réservé au sein d’un bâtiment-ville rempli d’opportunités de rencontres et d’activités, lequel pourrait avoir été aménagé près d’un milieu naturel d’envergure et des services et desservi par un réseau de transport en commun? Je vous laisse imaginer le reste.
Votre fidèle collaborateur.
1https://politiquedulogement.com/2019/06/le-logement-social-en-autriche-privilegie-mais-conteste/
2https://cartes.ville.sherbrooke.qc.ca/CarteGlobale/?theme=environnement&cat=plannature_rci