Maire de la municipalité d’Ascot de 1979 à 2002 et conseiller municipal à la Ville de Sherbrooke jusqu’en 2017, par suite des fusions municipales, monsieur Robert Y. Poulot a consacré 38 années à la politique municipale. Il poursuit maintenant son engagement, entre autres, comme administrateur au sein du conseil d’administration du Regroupement des offices d’habitation du Québec.
Quand on lui demande de quelles réalisations il est le plus fier au cours de son mandat comme maire, il répond sans hésiter la municipalisation des loisirs, notamment avec la création du parc Belvédère et d’un parc semblable à Huntingville, un petit quartier en banlieue d’Ascot. Au cours de ces années, la municipalité a aussi investi, entre autres, dans la création d’une salle communautaire à l’église du Précieux-Sang, en collaboration avec le curé de l’époque.
« Se servir du sport et du loisir pour essayer d’intégrer les nouveaux arrivants, les anciens aussi. On avait les bonnes installations, on avait les bons moniteurs et une collaboration particulière avec le service de police d’Ascot qu’on avait mis sur pied en 1982. »
Une autre réalisation dont il est particulièrement fier est l’accueil réservé aux personnes réfugiées et immigrantes en provenance de divers pays, notamment du Vietnam dans les années 70. Tisser des liens avec les nouveaux arrivants pour qu’ils s’approprient les installations sportives, comme le terrain de soccer aménagé pour faciliter l’intégration par le sport.
Par ailleurs, selon lui, l’entretien du réseau routier était particulier dans Ascot. On demandait aux employés de la voirie de se hâter de colmater les nids-de-poule dès qu’ils en apercevaient un.
« On organisait un concours avec nos citoyens pour qu’ils trouvent un nid-de-poule. Il y avait quand même une dimension minimale à respecter. Celui qui en trouvait un gagnait cinq dollars. S’il en trouvait trois, ça faisait 15 piastres. […] Les gars de la voirie faisaient la patrouille pour inspecter les routes. S’ils ne réussissaient pas à combler le trou en dedans de 48 heures, c’était le chef d’équipe qui mettait cinq piastres dans le pot. Cela servait à récompenser les dénonciateurs de nids-de-poule. »
Il faut selon M. Pouliot encourager les gens à faire attention à leur milieu dans l’optique que tous sont concernés par les propriétés publiques. La devise d’Ascot : « Cité propre, si t’es propre », et vice-versa.
« Un autre succès fou : verdir le quartier. On a acheté des pousses d’arbres et pendant au moins cinq ans, on a planté au moins 100 arbres chaque côté de la rue et on les entretenait. On plantait des branches, pas de racines ni rien, puis on mettait un tuteur pour ne pas qu’elles tombent, par exemple sur la rue des Grands-Monts où il n’y avait pas d’arbres et aussi au parc Belvédère. […] On choisissait des essences qui avaient un rôle d’ombrage pour prévenir les îlots de chaleur. »
Qu’ont pensé les citoyens et citoyennes de la fusion?
La population et l’administration d’Ascot n’ont jamais accepté la fusion. « Plus c’est gros, plus c’est difficile d’avoir le lien entre le 1er étage et le 7e étage. Ça va prendre dix ans avant que les services s’approprient c’est quoi le territoire d’Ascot, au niveau des infrastructures, au niveau des services de loisirs, etc. »
Selon lui, ça touche aussi au sentiment d’appartenance. « Chez nous, à Ascot, dans les six mois après la fusion, il ne restait plus rien qui identifiait Ascot. On avait enlevé le panneau d’identification de la municipalité d’Ascot. Ça, ça faisait mal. »
Après coup, avez-vous vu des avantages à cette fusion?
« Il y aurait des avantages, mais sur le coup, par exemple, les employés du service de voirie d’Ascot qui connaissaient tout le réseau ont été envoyés avec la grosse unité. On ne les reverra plus dans Ascot. Ça a eu un impact sur la connaissance des infrastructures, par exemple dans le cas d’un bris d’aqueduc. Où sont les robinets pour fermer le gros tuyau? »
Pouliot ajoute qu’il y a certainement des gains quand on regarde cela sur le long terme. Sherbrooke est devenue un pôle intéressant pour du développement avec une population de plus de 160 000 habitants.
Est-ce que quelque chose aurait pu être fait autrement, par exemple mieux informer les gens?
« Beaucoup a été fait. Les premiers cinq ans ont été une période d’ajustement. Pendant qu’on s’ajustait, tout ce qui existait avant comme obligation était toujours là. Il y en a qui ont subi l’ajustement, en positif ou en négatif. […] Au niveau politique, on partait avec huit municipalités et huit conseils pour devenir une municipalité et un conseil. Lorsqu’il y a une élection, Sherbrooke veut que le maire soit un Sherbrookois, et ses adversaires vont être des gens de la banlieue. Pendant une couple d’années, il y a eu des plaies qui ne se sont pas fermées tout de suite. »
Continuez-vous de suivre les débats, les décisions qui sont prises?
« Je suis intéressé mais sans intervenir. Quand on m’interpelle, je donne mon opinion, mais je n’interfère pas. Il y a des choses sur lesquelles je fais des recommandations à des individus qui sont en service, comme l’importance de consulter, de sonder le pouls de la population avant de prendre des décisions. »