Il y a 20 ans, l’Assemblée nationale adoptait à l’unanimité la Loi 112, la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Cette loi a été adoptée en réponse à plusieurs années de mobilisation citoyenne qui visait, il faut se le rappeler, à « tendre vers un Québec sans pauvreté ». L’un de ses objectifs était même de faire grimper le Québec dans le peloton de tête des nations dont le taux de pauvreté est le plus bas.
Vingt ans plus tard, il est temps de se rendre à l’évidence : les gouvernements qui se sont succédé depuis l’adoption de la loi ont lamentablement échoué. Non seulement une personne sur 10 vit encore en situation de pauvreté, mais notre taux de pauvreté n’a pas chuté de manière significative et le Québec a même reculé dans le palmarès international qui classe les pays en fonction de leur taux de personnes qui vivent en situation de pauvreté. Du même coup, les inégalités se sont accentuées : les revenus des 10 % les plus riches ayant augmenté beaucoup (beaucoup) plus rapidement que les revenus des 10 % les plus pauvres.
Nous sommes présentement dans l’attente du quatrième plan d’action de lutte contre la pauvreté, qui devrait être déposé au cours de la prochaine année. Ce plan d’action pourrait avoir un impact énorme pour soutenir les personnes qui, malheureusement, vivent encore dans la pauvreté et pour freiner l’accumulation des richesses entre les mains des plus riches. Pourtant, les groupes communautaires comme le nôtre l’attendent avec de grandes réserves : le gouvernement actuel n’est pas reconnu pour prendre des décisions qui favoriseraient plus de justice sociale, au contraire.
Nous avons, comme une vingtaine d’autres groupes de l’Estrie, déposé un mémoire qui, espérons-le, éclairera nos ministres sur les mesures qui pourraient, réellement, nous permettre de « tendre vers un Québec sans pauvreté ».
Les mesures suivantes sont donc (entre autres) revendiquées :
- L’augmentation des revenus des personnes les plus pauvres : augmentation substantielle des prestations d’aide sociale et du salaire minimum.
- Le financement adéquat de nos services publics pour qu’ils soient gratuits et accessibles, et l’ajout de la couverture complète des médicaments, des soins dentaires et des soins de la vue.
- L’amélioration du financement du transport en commun par le gouvernement provincial, pour assurer à toutes et à tous l’accès à un transport de qualité et abordable, même en région rurale.
- La pleine reconnaissance du DROIT au logement : amélioration et financement d’Accès Logis, contrôle du prix des loyers et fin de la discrimination.
- L’ajout de paliers d’imposition pour rendre notre fiscalité plus progressive et l’annulation de la baisse d’impôt annoncée en mars 2023.
- Un meilleur financement à la mission des groupes communautaires.
Il est plus que temps d’exiger le respect des engagements pris lors de l’adoption de la loi 112 :
Ministres du gouvernement, AU NOM DE LA LOI, luttez contre la pauvreté et engagez-vous à respecter la dignité de toutes et tous en mettant en place les mesures qui sont revendiquées depuis des décennies, tant par les personnes en situation de pauvreté que par les groupes communautaires.