Il y a déjà un certain temps que la crise du logement est en cours dans la ville de Sherbrooke, tout comme ailleurs au Québec. Toutefois, est-ce que les êtres humains sont les seuls à souffrir de cette crise? Et si d’autres êtres vivants étaient confrontés à cette problématique depuis bien plus longtemps que nous?
En réalité, depuis que nous sommes entrés dans l’ère du développement urbain et industriel, d’innombrables milieux naturels ont laissé place à des routes, des bâtiments et autres infrastructures humaines. De ce fait, les habitants de ces territoires, c’est-à-dire les animaux, les plantes, les arbres et autres organismes vivants, se sont retrouvés à la rue. Précisément, la perte d’habitat représente l’une des principales menaces pour la biodiversité de manière générale. À l’échelle de la province, ce ne sont pas moins de 7,85 millions d’acres de forêts qui ont été détruits entre 2000 et 2020.
L’Estrie n’y a pas échappé avec son lourd historique de coupes forestières des dernières décennies. Le résultat est qu’aujourd’hui, 88 % des forêts de la région ont moins de 80 ans. Ce fait revêt une importance particulière dans la mesure où les forêts anciennes sont essentielles pour abriter plusieurs espèces en péril. De plus, ce sont les forêts matures qui sont les véritables émettrices d’oxygène. Cela s’explique par le fait que les jeunes arbres ont besoin, eux aussi, de cet oxygène pour vivre et se développer. Or, ils en utilisent davantage que ce qu’ils ont la capacité d’émettre via leurs feuilles. En fait, leurs tissus foliaires sont peu abondants quand on les compare aux immenses canopées des arbres anciens.
Dans ce contexte, on comprend qu’il est capital de protéger les forêts matures restantes, mais aussi les plus jeunes, afin qu’elles puissent à leur tour faire partie du vieil âge forestier. D’ailleurs, il y a une lueur d’espoir à ce portrait en apparence sombre, puisque les projets de protection de nos milieux naturels se sont multipliés dans les dernières années. Pensons notamment au Plan nature de la Ville de Sherbrooke, qui vise à conserver 45 % du territoire de la ville en milieux naturels. Un autre exemple d’initiative encourageante concerne le parc du Mont-Bellevue, qui a reçu le statut de Réserve naturelle universitaire octroyé le 8 octobre 2024.
Alors, toutes et tous ensemble, continuons d’appuyer ces projets qui contribuent à préserver la nature qui nous entoure. Puis, la prochaine fois que nous nous promènerons dans un milieu naturel, prenons conscience que nous sommes des invités sur le terrain d’innombrables petites bêtes sauvages. Faisons preuve de considération envers leur demeure au même titre que nous l’exigerions d’un étranger qui entre chez nous.
Bref, apprenons à prendre soin de ces habitats, qui, tout comme les nôtres, sont devenus si rares et si précieux. En guise d’inspiration, nous vous invitons à consulter les sept principes « Sans trace » et à les appliquer lors de vos prochaines escapades!
Références :
(Perte de forêts au Québec de 2000 à 2020)
https://foret-estrie.ca/economie-et-societe/portraits/quelques-donnees-sur-la-foret-estrienne/
(Âge moyen des forêts en Estrie)
https://link.springer.com/article/10.1007/s10311-021-01372-y
(Avantage des forêts matures/anciennes)
(Plan nature)
https://www.parcmontbellevue.com/reservenaturelle
(Réserve naturelle du parc du Mont-Bellevue)
https://sanstrace.ca/les-sept-principes-sans-trace/
(Sans trace)