De nombreux membres de la Table itinérance de Sherbrooke1 ont pris part aux récents États généraux de l’itinérance, une initiative majeure qui a rassemblé 450 participants et participantes d’horizons variés. Ce rassemblement, fort de trois jours d’échanges intenses et de co-construction, avait pour ambition de tracer un chemin collectif vers le renversement de la tendance alarmante de l’itinérance au Québec. Cet objectif fait écho à la mission de la Table : unir les forces locales, de tous les secteurs, pour contrer l’exclusion sociale et soutenir les personnes les plus vulnérables.
L’événement, riche en discussions et en apprentissages, a culminé avec l’adoption d’une déclaration commune. Ce document phare dresse un portrait lucide de la situation actuelle. L’itinérance n’est jamais qu’une question de logement : elle résulte de facteurs systémiques tels que la pauvreté, l’augmentation des inégalités sociales et la difficulté d’accès à des soins de santé et de services sociaux, en plus d’un manque criant de logements abordables. Une pénurie de ressources essentielles laisse des milliers de personnes sans réponse à leurs besoins fondamentaux et les pousse à vivre en marge d’une société dont elles se désaffilient de plus en plus.
Ce qui rend le phénomène encore plus complexe, c’est son enracinement dans une diversité de problématiques interconnectées : santé mentale, dépendances, traumatismes, discriminations. Ces facteurs, souvent aggravés par des conditions de vie précaires, exigent des solutions adaptées et intégrées dans une approche globale. Malheureusement, la couverture des services préventifs et d’accompagnement demeure inégale à travers le Québec, et le sous-financement chronique des organismes communautaires met à rude épreuve leur capacité d’action.
Face à ces constats, la déclaration appelle à un véritable tournant social. Elle propose une vision audacieuse dans son ambition : une société équitable et inclusive, où chaque individu a accès à un logement digne, à des revenus suffisants et à des services essentiels. Pour y parvenir, il est impératif de prioriser la prévention et de s’attaquer aux racines structurelles de l’itinérance, plutôt que d’en limiter les conséquences par des interventions ponctuelles.
La déclaration met également en lumière la nécessité d’adopter des approches holistiques et sensibles aux traumatismes, tout en s’assurant que les interventions y soient culturellement pertinentes et respectueuses des divers parcours de vie. Elle propose de repenser la manière dont les services sont conçus et déployés, pour qu’ils soient accessibles et adaptés aux besoins réels des personnes concernées.
En conclusion, ce document pose les jalons d’une responsabilité partagée entre les différents acteurs de la société – des citoyens et citoyennes aux gouvernements – pour prévenir et réduire l’itinérance. Il appelle à un engagement collectif et à une volonté politique affirmée pour que personne ne soit laissé pour compte. Nous sommes toutes et tous invités à nous joindre au mouvement en apposant notre signature sur la déclaration commune, disponible en ligne. Pour contribuer à cet élan de solidarité et soutenir cette vision ambitieuse, rendez-vous sur https://itinerance.ca/declaration/.
1 Les organismes membres de la TIS sont : La Chaudronnée de l’Estrie, le Centre de jour Ma Cabane, Partage St-François, la Coalition sherbrookoise pour le travail de rue, la Coopérative de solidarité l’Autre-Toit, l’auberge du coeur La Sourc-Soleil, la Ville de Sherbrooke et le CIUSSS de l’Estrie-CHUS.