Au Québec, la pandémie a temporairement ravivé la flamme de l’autosuffisance alimentaire et énergétique. Malheureusement, cet engouement s’est rapidement essoufflé, laissant dans son sillage légumes gaspillés et jardinières dans nos écocentres. Verdict? La population avait de l’intérêt pour démarrer des semis, mais pas suffisamment de discipline et d’énergie pour maintenir les efforts et les soins réguliers nécessaires à la réussite d’un jardin. Dans ce contexte, existe-il une méthode sensée pour transformer nos déserts verts gazonnés en havres de biodiversité? Bien sûr! Et ça s’appelle la permaculture, fusion des mots « permanent » et « agriculture ».
Ce concept existe officiellement depuis une vingtaine d’années et a été créé par deux Australiens, Bill Mollison et David Holmgren. Officieusement, cette philosophie de culture était pratiquée bien avant la naissance de l’agriculture en Mésopotamie il y a plus de 10 000 ans.
La permaculture repose avant tout sur l’observation et l’analyse consciente d’un milieu, qu’il soit naturel ou pas. C’est une forme de diagnostic; on évalue les intrants et les extrants de la parcelle qu’on veut aménager. Par exemple, on documente les plantes, arbustes et arbres déjà présents, les animaux au sol et dans les airs, les insectes, la provenance et la force des vents, la pente du terrain et ses caractéristiques (type de sol, présence d’eau, monticules ou dépressions, etc.), la pluviométrie annuelle et l’étude de l’intensité solaire pour la zone désirée, entre autres.
Avec l’analyse de ces données, il est ensuite possible d’avoir un aperçu du fonctionnement de l’écosystème de votre propriété et voir comment le bonifier ou le remplacer, toujours en tenant compte des autres systèmes ceinturant votre demeure.
L’illustration suivante dresse la liste de 12 principes de base qui régissent la permaculture.
La permaculture est un changement de paradigme qui nous pousse à renverser complètement notre rapport ancestral de domination envers la nature. Ainsi, on passe d’une lutte perdue d’avance à une curiosité sans limites, à une capacité d’adaptation et d’intégration de nouvelles espèces vivantes et à un respect du rythme de notre écosystème.
Pour vous donner un exemple concret, des scarabées japonais envahissaient ma vigne depuis plusieurs années et affectaient ma production de raisins durant l’été. À l’époque, je voyais ces insectes comme des envahisseurs étrangers qui devaient être éliminés. Après quelques années de lutte acharnée avec les méthodes habituelles sans obtenir de succès significatif, j’ai compris que ces insectes peuvent également être perçus comme une opportunité. Ainsi, après quelques recherches sur ces derniers, j’ai commencé à les recueillir pour les utiliser comme source de protéine alimentaire! Ce fut toute une aventure cet été-là et c’est devenu un projet familial. Avec l’expérience, nous avons réussi à améliorer nos techniques de capture, de purge, de cuisson, de séchage et de broyage pour en faire une poudre protéinée comestible qui pouvait augmenter l’apport nutritionnel de certains aliments.
Maintenant, je ne vois plus ces insectes de la même manière car ils font partie de mon écosystème. Aussi, les plantes affectées (sureau, prunier, rhubarbe) ont développé une résistance à leur présence au fil du temps.
Si le concept vous intéresse, je vous invite à regarder le documentaire The Little Big Farm, qui constitue un épilogue romancé et inspirant démontrant le rôle crucial de la permaculture pour réhabiliter un terrain qui était jugé irrécupérable.
Je suis confiant que cette action vous incitera à en apprendre davantage sur la permaculture.
En attendant de pouvoir lire vos histoires de permaculture, je vous souhaite une belle saison productive!