Je suis arrivée au Québec un beau jour d’été… le meilleur moment pour une Africaine de débarquer au Canada : tu as le temps de t’habituer.
Quand je suis arrivée, je ne savais pas conduire… j’avais 26 ans!
Trois semaines après mon arrivée, j’ai trouvé un emploi. Mon lieu de travail était à 20 minutes de marche de mon domicile, donc je prenais mes deux jambes et je parcourais la distance deux fois par jour, du lundi au vendredi. Rien de bien compliqué.
Après quelques mois de ce train-train, mon chum me dit : «Je comprends que ce n’est pas loin, mais il va quand même falloir que tu apprennes à conduire. C’est important si tu veux être indépendante.»
J’ai paniqué un peu. Je n’ai jamais conduit dans mon pays… M’imaginer conduire ici, au Québec, était tout un défi.
Je me suis raisonnée et me suis dit que c’était la meilleure chose à faire. J’ai donc fait tout ce qu’il fallait. Le jour où je devais passer mon examen… ce jour-là, je priais Allah pour obtenir mon permis de conduire… et je l’ai eu!
Ainsi, munie de ce précieux document, je me suis procuré une voiture. Une bonne vieille Toyota. J’étais contente de ma Toyota. Le seul bémol, et non le moindre, était qu’après quelques mois, les freins ont commencé à vouloir lâcher.
Un jour, ce qui devait arriver arriva. Les freins ne répondant quasiment plus, je suis «rentrée» dans «l’arrière» d’une voiture. Et vous savez quoi? Il y avait une voiture de police juste derrière moi. Le policier avait tout vu!
Le monsieur qui conduisait la voiture dans laquelle j’étais «rentrée» sortit de sa voiture, l’air pas très content.
Le policier qui était derrière nous demanda de nous stationner et fit un constat rapide. Il allait retourner dans son auto, quand il me dévisagea… il remarqua que je n’étais pas bien. Il me demanda de stationner un peu plus loin afin de ne pas gêner la circulation.
Il vint me rejoindre. J’ouvris la portière de ma voiture… il vit avec une certaine stupeur que je pleurais. Il ne comprenait pas que quelqu’un puisse pleurer pour un litige aussi mineur! Mais il est venu me voir, il s’est accroupi (s’est mis à ma hauteur) et m’a tellement rassurée sur le fait que je n’avais pas à m’en faire et rien à craindre que je voulais le prendre dans mes bras. Mais j’étais trop gênée pour ça… un POLICIER purée! Avec l’uniforme, le mot «Police» écrit sur le dos, les menottes accrochées sur le côté… ce n’était pas n’importe qui!
À la fin, il m’a donné sa carte. Carte que j’ai gardée plus de dix ans dans mon portefeuille!
C’était le premier «porteur d’uniforme» avec qui j’ai eu une vraie «expérience» dans ce pays. Et c’était une expérience tellement humaine! Même si je ne l’ai jamais recontacté, ce policier me rappelle que la devise «Servir, prévenir et protéger» veut dire quelque chose.