Aujourd’hui, je veux vous parler de l’une des ethnies du Niger : les Peuls. Plus spécifiquement de l’un de ses sous-groupes : les Wodaabés.
Les Wodaabés sont aussi nommés Bororos (évidemment pas ceux de l’Amazonie). C’est un peuple nomade d’éleveurs et de marchands.
Qui dit peuple nomade, dit peuple qui se déplace. Les Wodaabés se retrouvent donc un peu partout en Afrique de l’Ouest et du Centre : au Niger, au Cameroun, en Centrafrique, au Tchad et en République démocratique du Congo.
Les Wodaabés du Niger sont réputés pour leur beauté (aussi bien chez les hommes que les femmes). Ils sont aussi considérés comme le dernier groupe peul pratiquant encore les coutumes d’avant l’Islam.
Le Guéréwol est justement la cérémonie des Wodaabés la plus connue et qui leur vaut d’être l’une des ethnies africaines les plus décrites, les plus photographiées et les plus filmées.
Le Guéréwol se passe pendant ce qu’on appelle la Cure Salée, ou « Fête des Nomades », qui est un rassemblement annuel des peuples Touareg et Wodaabé dans la ville d’Ingall, au nord du Niger. Plusieurs activités, comme les courses de chameaux (il ne faut pas voir le chameau comme un animal indolent, il n’est pas aussi rapide que le cheval, mais il court vite) ou des défilés de troupeaux, sont de la partie. Faire du troc, ou simplement renouer des liens d’amitié, sont aussi de bonnes raisons de participer à cet événement pastoral. Mais le Guéréwol reste l’un des moments les plus forts du festival.
« Mais qu’est-ce que le Guéréwol enfin! », me demanderez- vous.
Je vais vous le dire! Mais avant, il faut savoir que les Wodaabés vouent quasiment un culte à la beauté. Rien de narcissique ici, c’est uniquement culturel. Ce culte de la beauté est cultivé depuis des siècles par ce peuple comme un véritable art de vivre. Chaque individu se doit d’avoir toujours un miroir sur lui.
Petite digression : on dit que les Peuls (donc les Wodaabés) aiment tout ce qui est couleurs vives, les miroirs et le « Bling- Bling ». Alors, souvent, quand quelqu’un aime se montrer, aime les couleurs et tout ce qui se voit à des kilomètres, on dit que c’est son côté peul qui parle!
Revenons à nos moutons : le Guéréwol est une cérémonie où on assiste à un concours de beauté totalement différent de ce que vous avez l’habitude de voir : ce sont les hommes qui défilent sur scène, et ce sont les femmes qui choisissent!
En effet, pendant une semaine, lors de cette cérémonie, les jeunes hommes Wodaabés vont participer à un concours de beauté. Pour être sûr d’être choisi, le jeune homme doit aussi savoir danser. Cette danse effectuée, et reproduisant la parade des oiseaux du désert, s’appelle yaaké. Ainsi, chaque clan familial, représenté par ses plus beaux danseurs, s’affronte dans ce concours de beauté pour hommes, dont le jury est constitué des plus belles filles de la tribu. La danse se termine par la séduction et des échanges amoureux. Le but : que les vainqueurs séduisent les jeunes filles pour passer avec elles une nuit ou… toute la vie!
À savoir : dans la tradition des Wodaabés, les mariages sont arrangés par les parents alors que garçons et filles sont encore des enfants. Mais quand arrive la fête du Géréwol, les hommes espèrent pouvoir « enlever » les femmes, qu’elles soient mariées ou non.
Pour réussir à conquérir leur future femme, les hommes doivent suivre un rituel et participer à ce concours de beauté. Il est indispensable qu’ils aient un beau visage ovale, aux traits fins, car les Wodaabés admirent les visages ovales, les traits fins, les nez minces et longs et les dents blanches et régulières.
Pour séduire les belles, les jeunes hommes Wodaabés se maquillent les lèvres, se passent du khôl autour des yeux. Ils soulignent leurs sourcils au charbon. Certains se peignent le visage avec du beurre mélangé à de l’ocre. Des critères comme avoir des yeux brillants, un sourire éclatant et les dents très blanches sont indispensables. Au demeurant, le fait de se maquiller les lèvres en noir fait ressortir encore plus la blancheur de leurs dents.
Pour parfaire cet apparat, les hommes doivent aussi revêtir de magnifiques vêtements qu’ils ont créés, pour la plupart, eux-mêmes pendant une année entière. Ils se parent de colliers de perles et de coquillages et fixent une plume d’autruche sur leur turban. Féminiser son apparence est le plus sûr moyen de séduire la gent féminine. Un grand classique chez les Wodaabés.
Ils peuvent passer six heures à se préparer pour ce grand moment où ils dansent et montrent leurs plus beaux atours. Être choisi apporte respect et considération auprès de toute la famille.
Pendant que les femmes observent, les hommes chantent en chœur et, pendant plusieurs heures, doivent réaliser différentes figures avec leur corps mais aussi leur visage.
Ainsi, rouler des yeux, sourire à pleines dents, faire certaines grimaces… sont particulièrement appréciés. D’ailleurs, c’est l’une des choses dont je me rappelle le plus : ces visages fardés, grimaçants et roulant des yeux, et qui sont censés séduire les jeunes filles Wodaabés. Cela m’a toujours impressionnée.
Pour les plus timides, la consommation de plantes psychotropes permet de lever les dernières inhibitions.
Petite info intéressante : les Wodaabés (comme les Touaregs ou tout autre peuple nomade) ne construisent pas d’habitations afin, selon une légende, de ne pas être séparés du ciel.