Ma discussion avec Pierre Jasmin, pianiste québécois et secrétaire général des Artistes pour la paix (APLP) de 1990 à 1997, m’a ouvert les yeux sur l’urgence de la question nucléaire dans le monde. Pour illustrer le danger qu’elle représente, je vous réfère à la mythologie grecque et à l’histoire de Damoclès :
Damoclès était un artisan qui fréquentait la cour d’un tyran de l’époque nommé Denys de Syracuse. En voulant flatter l’ego du dirigeant et ainsi éviter d’être la prochaine victime de sa violence dévolue, il lui dit combien il trouvait enviable sa position de pouvoir absolu. Denys décida de répondre par une invitation à un banquet, où Damoclès aurait une place spéciale en son nom. Ne pouvant refuser, ce dernier s’y rendit, pour finalement se voir imposer la chaise au-dessus de laquelle était suspendue une épée. Denys voulait illustrer que le pouvoir nous met à risque.
Malgré des efforts considérables de l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) pour promouvoir la paix et le désarmement, la menace d’une explosion nucléaire reste omniprésente. Les nations possédant des arsenaux nucléaires – les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël – compromettent nos vies, notre santé et l’environnement. Une explosion nucléaire entraînerait des conséquences catastrophiques : pertes massives de vies, destruction, incendies incontrôlables et un hiver nucléaire prolongé, avec des effets dévastateurs pouvant durer plus de 15 ans.
En 2023, la course aux armements nucléaires s’est intensifiée, particulièrement avec la Chine encore loin de ses concurrents américains et russes. Selon Kathleen Lawand, cheffe de l’unité armes au Comité international de la Croix-Rouge, les risques sont aujourd’hui aussi élevés, sinon plus, qu’à l’époque de la guerre froide. La parole des dirigeants politiques, les traités de paix et le respect des droits internationaux ne garantissent pas une réelle protection contre la menace nucléaire. Les tentatives de désarmement, initiées dès la création des armes nucléaires, restent largement insuffisantes.
Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN)1, entré en vigueur en 2021, est signé par 51 pays et ratifié par 73 autres, avec l’Indonésie entrée en septembre dernier (ICANW. org), mais il exclut les nations de l’OTAN, brandissant la menace des armes nucléaires. Les associations telles qu’APLP et Maires pour la Paix incitent les villes comme Sherbrooke à signer ce traité pour marquer un refus global des armes nucléaires. Dans notre entretien, Pierre Jasmin exprime clairement ses convictions et celles du groupe :
« Par nos valeurs pacifistes, nous favorisons les solutions proposées par l’ONU pour faire la paix, et parmi ces solutions, la guerre n’est jamais une option. Les armes ne garantiront jamais la paix. La Croix- Rouge internationale a averti que les conséquences d’une guerre nucléaire seraient si graves que le monde médical entier serait impuissant à y faire face. »
M. Jasmin a partagé son point de vue avec la mairie de la Ville de Sherbrooke lors d’une présentation sur le TIAN avec Claude Saint- Jarre, en juin, et continue de contribuer au mouvement pacifiste, par ses écrits sur le site des APLP et dans des publications telles que Planète Paix et Entrée Libre. Son engagement pour le désarmement nucléaire tente de prévenir la destruction mutuelle assurée par ces armes et incite les générations suivantes à faire de même et ainsi assurer notre avenir.
[1] Traité initié par le Costa Rica le 7 juillet 2017. Le droit international stipule clairement que l’emploi, la menace, la production et le stockage d’armes nucléaires sont illégaux.
Médiagraphie
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1 – Le droit international stipule clairement que l’emploi, la menace, la production, et le stockage d’armes nucléaires sont illégaux.