
Les gens sont comme les courges. Il en existe des milliers de formes, de couleurs, d’épaisseurs, de longueurs. Du potiron ultra musclé à la fine courge délicata, il y en a vraiment pour tous les goûts. Jamais personne ne jugera une courge à propos de son poids : légères ou lourdes, rondes ou allongées; elles seront toutes cuisinées! Le pâtisson aura beau vouloir, il ne sera jamais un patidou, et la courge hubbard restera toujours bleue. Tant de variétés, c’est magnifique! C’est ce que nous recherchons en cuisine : la diversité alimentaire. Nous devrions célébrer la même diversité chez les gens.
Pour bien grandir, une courge a besoin de plusieurs choses : une bonne terre, du compost, de la pluie sans excès, de la lumière, de la chaleur et du temps. Un jardinier attentif saura doser les différents paramètres avec patience, constance et bienveillance. Les humains ont besoin de la même chose. La plus grande différence, c’est que nous sommes notre propre jardinier. C’est à nous d’écouter notre appétit, d’étancher notre soif, d’apprendre que bouger nous fait du bien, dans notre corps comme dans notre tête, de profiter de la lumière naturelle afin de rester positif, de choisir les gens qui nous conviennent. N’essayons plus de rentrer dans un moule unique, standardisé et somme toute triste. Les légumes industriels ont peu de saveur, il en va de même pour les gens.
Les courges seront à l’honneur sur nos tables à l’Action de grâce, à l’Halloween et peut-être même à Noël. Lors d’occasions aussi festives, nous revoyons nos proches et moins proches. Afin de faire la conversation, il est tentant de passer des commentaires : « Ton veston t’amincit! », « Ouin, tu commences à devenir une vraie petite femme ! » ou « Avec ton ventre, tu pourrais bien faire le père Noël cette année! ». Les corps sont en changement tout au long de la vie, et perdre du poids n’est pas toujours positif. Le stress, le chagrin et la maladie peuvent faire perdre du poids tout autant que de s’initier à un nouveau sport. Cessons aussi de commenter les portions prises à la table, grandes ou petites. Arrêtons de nous forcer à finir l’aspic de grand-maman ou de reprendre un autre verre de vin. Ayons le plaisir d’être ensemble sans nous donner ce stress de plus. Les enfants sont un excellent exemple : émerveillés et étourdis par tant de monde, certains n’auront pas d’appétit alors que les gourmands goûteront à tout et auront les yeux brillants devant la tourtière. Le lendemain, ceux qui auront bien mangé la veille n’auront pas faim et les autres rattraperont le repas manqué.
Cet automne, et même cet hiver, soyez une courge. Écoutez votre jardinier intérieur. Traitez les autres avec douceur.