Fin 2022, un couple nouvellement retraité, Céline Beaulieu et Jacques Noël, sont plongés au cœur de la réalité des demandeurs et demandeuses d’asile latinos, alors qu’ils cherchaient simplement à donner une paire de bottes d’hiver. Le Service d’aide aux Néo-Canadiens les oriente alors vers la paroisse Notre-Dame-de-la-Protection où œuvre un petit comité Mission latino-américaine. Ce Comité les dirige vers une famille nouvellement arrivée. Céline et Jacques rencontrent alors Willhander et Carolina ainsi que leurs deux enfants. Dans l’appartement : un poêle, pas de réfrigérateur, des matelas. La famille entière ne possède aucun vêtement pour l’hiver qui approche. Céline et Jacques font appel à leur réseau pour susciter une mobilisation citoyenne. En deux jours, la famille est complètement équipée. C’est ainsi que tout a commencé. Entre novembre 2022 et juin 2023, 40 familles ont été aidées.

Au début, Céline et Jacques utilisent leur petite voiture Yaris pour transporter le matériel. Mais pour les gros meubles et les appareils électroménagers, il faut un camion. Une religieuse, sœur Jacqueline, les réfère au Père Jean-Marc Grégoire de l’archidiocèse de Sherbrooke, un missionnaire de Mariannhill. Les Missionnaires de Mariannhill leur fournissent un camion ainsi que l’essence nécessaire.
Le mandat du Collectif sherbrookois consiste à aider à l’installation de demandeurs et demandeuses d’asile, essentiellement des latino-américains, au cours du premier mois de leur arrivée. La plupart habitent le quartier d’Ascot, mais pas uniquement. Les personnes priorisées sont les femmes seules sans enfants ainsi que les personnes et familles les plus démunies. Pour remplir ce mandat, le couple a constitué un réseau de gens qui les soutiennent. Il sollicite des dons, recherche du matériel gratuit, mais parfois, il doit l’acheter. Jusqu’au moment de cet entretien avec le journal, en juin dernier, les Pères de Mariannhill avaient fourni quelque
30 000 $. Depuis peu, une collaboration a été établie avec Estrie Aide qui réfère des personnes.
Site Web : collectifsherbrookois.ca
Témoignage d’une demandeuse d’asile
Vanessa est originaire du Nicaragua. Arrivée à Sherbrooke en mars 2023, elle a dû fuir son pays en raison de menaces suite à ses prises de position politiques. Elle a dû laisser derrière elle ses deux enfants âgés de 2 et 9 ans. Elle a voyagé en bus du Nicaragua jusqu’au Guatemala puis par camion du Guatemala jusqu’aux États-Unis. Elle est restée près d’un an en Floride avant d’entrer au Canada en octobre 2021. Les conditions de ce voyage en camion ont été horribles : manque d’oxygène, faim, froid. En arrivant ici, d’autres défis l’attendaient : lenteur pour obtenir les papiers officiels afin d’avoir accès à un minimum de soins de santé, apprentissage de la langue, difficulté d’avoir une place en garderie pour son bébé né aux États-Unis, donc, de grandes difficultés pour chercher un emploi. Et pourtant, Vanessa était active dans son pays. Elle fabriquait des desserts qu’elle livrait à bicyclette. Pour revoir ses enfants, elle doit patienter jusqu’à l’obtention de sa résidence permanente. C’est très déchirant pour un cœur de mère. De plus, comme elle ne peut plus rentrer au Nicaragua, elle devra aller les voir au Costa Rica.